segunda-feira, 13 de junho de 2011

"A estranha 'omerta' dos media no caso DSK" - III

JEAN QUATREMER in blog do LIBÉRATION - "COULISSES DE BRUXELLES"
(...)je suis (...)l’un des très rares journalistes français à avoir osé briser le tabou du « respect de la vie privée » des politiques français en écrivant sur mon blog, « les coulisses de Bruxelles », le 9 juillet 2007, ces quelques phrases à propos de celui qui n’était alors que le candidat de la France à la tête du FMI : « Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique ». Des affirmations qui s’appuyaient évidemment sur des faits et des témoignages.
Que n’avais-je écrit là ! On m’a immédiatement accusé d’avoir franchi la « ligne rouge », de violer la « vie privée » des politiques, de pénétrer dans leur « chambre à coucher », bref de me comporter comme l’un de ces sauvages journalistes anglo-saxons sans foi ni loi, un Torquemada de la morale sexuelle…
(...)
Mais, voilà, comme on est soi-disant dans le domaine de la « vie privée », le journaliste est paralysé. Or, j’estime irrecevable cet argument : la vie privée doit être étroitement circonscrite aux relations entre adultes consentants et à condition qu’il n’y ait ni harcèlement, ni abus de pouvoir de quelque nature que ce soit, c’est-à-dire absence d’un possible délit pénal. Elle doit aussi être respectée lorsqu’il n’y a pas d’interférence entre la sphère privée et publique. Par exemple, si un politique se prévaut de sa famille pour se faire élire, sa vie privée tombe dans le domaine public. Tout comme un politique qui se prévaut de son bilan est soumis à des enquêtes impitoyables, il doit en être de même pour celui qui met en avant sa famille ou ses valeurs familiales. Lorsque la presse anglaise a enquêté sur la vie privée des élus conservateurs au début des années 90, c’était pour démontrer que leur slogan, « back to basics », retour aux valeurs, ne tenait pas la route.
(...)
Un argument amusant : faut-il attendre une plainte en bonne et due forme ou un jugement pour dénoncer un enrichissement personnel sur fonds publics, un abus de pouvoir ou un détournement de fonds ? Nul doute que le monde politique aimerait que les interdits que la presse française s’impose en matière de vie privée soient étendus à tous les domaines de la vie publique… Tout comme l’argument de la loi ne tient guère : il ne se passe pas une semaine sans qu’un organe de presse ne soit condamné pour « diffamation », en dépit des précautions prises. Tout simplement parce que le droit est affaire d’interprétation."